Histoire

FIGLINAE-FIGLINIS (Partie 1)

Avant la conquête romaine, les Allobroges sont installés entre le Rhône et l’Isère. Figlinae, village de potiers était situé entre le nord de St-Rambert et le sud d’Andancette .Toutefois, d’après les indications données par les bornes trouvées à St-Vallier et à Andancette , l’emplacement de Figlinae correspondrait davantage au sud du village d’Andancette, d’autant que le sol de St-Rambert n’a pas livré de vestige significatif de l’époque gauloise alors que l’on a retrouvé deux trésors enfouis sur le territoire de la commune . Quoi qu’il en soit, la proximité du Rhône, facilitant l’approvisionnement en eau, a permis le développement des poteries de Figlinae qui deviendra ensuite Figlinis.

Bien avant la conquête de la Gaule, Rome souhaita s’assurer la maîtrise du couloir rhodanien, cette importante voie de circulation des hommes et des marchandises. En 121 avant JC, les Allobroges et les Arvernes (d’Auvergne) sont écrasés par Quintus Fabius, probablement dans la plaine de Tain, et non pas au sud d’Andancette et d’Andance (lieu-dit la Sarrazinière) comme on l’a affirmé parfois. Les Romains s’installèrent donc dans notre région quelque 60 ans avant la conquête de la Gaule par Jules César, qui accordera à Vienne le titre de colonie.


ANDANSETA-ANDANSETE-ANDANCETTE

Après la décadence de l’empire romain d’occident, la région connaît les invasions et ce sont les Burgondes venus de l’est de la Germanie qui s’implantent dans le futur Dauphiné. Cependant le royaume Burgonde est rattaché au royaume franc jusqu’à la mort de Charlemagne, date à laquelle notre région entre dans la part de Lothaire et fait donc partie du Saint-Empire romain germanique. Mais son frère Charles le Chauve s’empare de Vienne en 872 et, devenu empereur, il cède à son beau-frère Boson le gouvernement de ce premier royaume de Provence. A la mort de ce dernier, et après une période de désordre, va s’implanter la première maison d’Albon : Les Guigues, dont l’origine est incertaine (mais l’hypothèse d’une origine ardéchoise n’est plus retenue actuellement).

Les comtes d’Albon fondent le Dauphiné, dont le nom apparaît pour la première fois en 1285. Le Dauphiné est divisé en comtés, et le comté d’Albon comprend alors huit paroisses : Andancette, Anneyron, Champagne, Saint-Martin, Saint-Michel, Saint-Philibert, Saint-Rambert, Saint-Romain.

En 1349, criblé de dettes, Humbert II, le dernier dauphin, vend le Dauphiné à Charles, fils aîné du Roi de France, qui prend le titre de Dauphin.

Le bourg de Figlinis avait-il été détruit par les invasions entre le Vème et le Xème siècle, ses habitants l’avaient-ils quitté pour se réfugier dans les villages fortifiés (peut-être à Andance sur l’autre rive) ? Ou bien, plus probablement, quelques familles de paysans se sont-elles maintenues sur ce territoire après la disparition des poteries de Figlinis ?

La naissance d’Andancette date sans doute du Moyen-Age (vaste période !). A la différence d’Andance qui s’appelait Andancia ou Andantia dès l’époque gallo-romaine, Andansete (l’orthographe n’est pas encore fixée) n’apparaît que tardivement à l’époque médiévale.

Nous n’avons qu’une certitude en ce qui concerne l’origine du nom : – la proximité avec Andance . Mais il reste à savoir si le toponyme ne serait qu’une simple variante, un simple diminutif du village voisin ou s’il marque une ressemblance topographique avec celui-ci.

Pour l’abbé Caillet le village d’ Andance aurait été fondé, comme Marseille, par les Phocéens, et le nom viendrait d’un verbe grec signifiant Je plais. Cependant, la plupart des historiens ont recours au verbe latin Andare (aller ou passer à gué), ou à l’expression Ad ansam Rhodani (près de l’anse du Rhône). Cette dernière explication ne semble pas très en rapport avec la présentation du site, mais le tracé actuel du fleuve ne ressemble pas totalement à son tracé d’autrefois. Aussi avons-nous émis l’hypothèse que le terme de ansa pourrait s’appliquer à chacun des deux bras du Rhône de part et d’autre de l’île de Marette. Le diminutif Andancette porterait sur le terme même de anse. Le bras du fleuve, côté Andancette , aurait pu être beaucoup plus étroit que l’autre , ou bien la petite anse désignerait la rivière du Bancel à proximité de laquelle le village s’est développé au moyen-âge.

Un autre rapprochement s’impose : le toponyme Andançon a été donné à certains ruisseaux, nous en avons un exemple sur la commune d’Albon avec un affluent du Bancel qui traverse la route au lieu-dit les Rosiers avant St-Martin et monte dans la colline, tandis qu’un affluent de la Galaure qui arrive dans l’autre sens et rejoint presque l’Andançon est nommé Avençon. On retrouverait peut-être tout simplement le verbe Aller, évoquant la pause Andançoise avant de reprendre la descente du fleuve. Nous pouvons encore évoquer le hameau de Cance , homonyme de celui de la rivière, dont l’un des quartiers à proximité de l’estuaire avec le Rhône porte le nom de Cancette.

Mais peut-être que le fleuve n’est pas à l’origine du nom .Un spécialiste de l’occitan rapproche le toponyme Andance de Andoins (Pyrénées), de Andon (Alpes maritimes) avec une racine pré-indo-européenne, variante de Kant /gand , avec chute de la gutturale initiale . AND signifierait “pierre, rocher”. Ainsi Andance tirerait son nom de la présence de la montagne du Châtelet (à l’époque romaine il y avait un temple) et pas du fleuve. Au moyen-âge Andance est un bourg important contrairement à Andancette , le suffixe diminutif marquerait tout simplement cette différence . Il est plaisant toutefois de constater que nous pouvons encore raisonner pour la “pierre” comme nous l’avons fait pour le Rhône. Le toponyme Andancette s’expliquerait par l’existence d’une petite “montagne” : Dizard. Etrange colline, posée là, inattendue, qui rappelle les mottes artificielles, comme celle sur laquelle est construite la tour d’Albon.

A ce jour personne ne peut affirmer de manière certaine, l’origine des toponymes Andance et Andancette. Sinon que le village qui s’est développé entre le prieuré Saint-André à l’emplacement du cimetière actuel (La chapelle du prieuré est restée en fonction jusqu’à la fin de la construction de l’église actuelle en 1835) et le prieuré de l’île de Marette aux XIIème et XIIIème siècles n’a pas pris un nom de saint, la coutume de désigner ce lieu par Andansete ou Andancette devait être déjà bien installée.


ANDANCETTE

Le 16 septembre 1872, Andancette, qui faisait partie de la commune d’Albon depuis 1790, devient commune à son tour. En 1882 commencèrent les travaux pour l’installation de la nouvelle mairie et du groupe scolaire. Les écoles religieuses ayant disparu dès le début du XXème siècle, Andancette a évité bien des conflits d’opinion et des querelles intestines. De plus, il est à souligner que la mixité à l’école publique fut votée dès 1929, bien avant beaucoup d’autres communes.

Le XIXème siècle et le début du XXème siècle voient la fin de la culture du mûrier, le déclin de la vigne, mais Andancette connaît un regain d’activité grâce à la construction du chemin de fer (1853-55) et à l’implantation d’usines (La grande Vermicellerie, la poterie). Andance, qui décline avec la disparition progressive de la batellerie, bénéficiera de cet apport d’emplois nouveaux.

A la fin du XXème siècle, il n’y a plus d’agriculteurs dans la population andancettoise, la gare et les usines ont fermé leurs portes. Andancette devient comme la plupart des petites communes, un lieu de résidence. Les habitations se multiplient à l’est et au nord-est de la Commune, se rapprochant de l’ancienne Via Agrippa qui, après avoir été la Route Royale, sera Route Nationale, puis Impériale, enfin depuis plus d’un siècle Nationale 7.

Si la localité d’Andancette est située à proximité des grands axes nationaux, elle puise avant tout ses racines dans la terre et dans l’eau, et dans l’échange avec sa voisine Andance.

Andance et Andancette reliées, selon les époque et les aléas de l’Histoire, par, des barques, un bateau, un bac à traille, un pont, sont définitivement liées par leur proximité toponymique.

J. MARIO