Riviere et fleuves sans plastique

Rivières et fleuves sans plastique

Selon une étude menée notamment par l’Ifremer et publiée en avril dernier, 10 millions de tonnes de plastique seraient déversées chaque année dans les océans. 5 000 milliards de morceaux de plastique, selon les estimations, flottent à la surface des océans. Dans la même étude, on apprend que les chercheurs ont découvert, sur un seul mètre carré de fond de la Méditerranée, 1,9 million de particules de microplastiques !  

Bien plus encore que les déchets en plastique « entiers » (bouteilles, sacs) qui polluent les océans, les microplastiques constituent un défi extrêmement complexe : parce que si les premiers peuvent être collectés, ramassés ou filtrés, les seconds sont bien trop petits pour l’être : on parle ici de particules entre 5 millimètres et un millième de millimètre (microplastiques) voire d’un millionième de millimètre (nanoplastiques). 

L’origine de ces pollutions est multiple : une partie vient de la décomposition de déchets tels que les gobelets, bouteilles, sacs en plastique. Une autre est davantage liée à l’industrie : un grand nombre de produits manufacturés contiennent des microbilles de plastique (cosmétiques, dentifrice, par exemple) qui passent des salles de bains dans les canalisations, puis dans les fleuves, puis dans la mer. Autre source – peut-être la plus importante, selon certains chercheurs : les textiles. Les nouvelles fibres qui sont utilisées dans l’industrie contiennent des plastiques et, à chaque lessive, ce sont des milliers de ces microparticules qui partent dans les réseaux, sans pouvoir être filtrées.

Solutions « à terre »

La Fondation Tara se penche, précisément, sur ce type de pollution. Régulièrement, le bateau affrété par la fondation, le Tara, mène des campagnes de prélèvements pour mesurer la quantité de plastiques dans les eaux. La dernière campagne, en 2019, a été spécifiquement dédiée aux estuaires européens, c’est-à-dire aux points où les fleuves se jettent dans les océans, avec des prélèvements faits en aval et en amont des grandes villes littorales. L’équipage de Tara a effectué quelque 2 700 prélèvements, envoyés depuis pour analyse à plusieurs laboratoires. Et le verdict est sans appel : « 100 % de ces prélèvements contiennent des plastiques. » On y retrouve certes une importante proportion de microbilles invisibles à l’œil nu, mais également, précise l’équipage de Tara, « une forte proportion de fragments appelés microplastiques secondaires, issus de la fragmentation des plastiques due notamment aux rayons du soleil ». Et c’est en particulier pour ceux-ci qu’une action, en amont, est possible. Car comme l’explique Romain Troublé, membre de l’équipage du Tara, « les solutions contre cette hémorragie en mer sont définitivement à terre. » 

C’est l’objectif de la Charte « Rivières et fleuves sans plastique, océans protégés » qui a été présentée hier. L’opération est organisée par la Fondation Tara, l’association IAGF (Initiatives pour l’avenir des grands fleuves) et la Compagnie nationale du Rhône, et soutenue par l’AMF et l’APVF. Il s’agit de proposer aux maires et présidents d’intercommunalités de signer un document d’engagement à « adopter et mettre en œuvre » une série de mesures concrètes pour lutter contre le plastique. 

De multiples moyens d’actions

La commune d’Andancette a un certain nombre de moyens d’actions. D’abord, en agissant directement contre la propagation des déchets plastiques : il est possible, par exemple, de limiter ou d’interdire l’usage d’objets en plastique à usage unique (gobelets, pailles) aussi bien dans la mairie que lors des événements organisés par la commune. Mais, aussi de « limiter le volume des macroplastiques non collectés afin d’éviter qu’ils se retrouvent, par le vent ou le ruissellement, dans les rivières et fleuves ». 

La commune s’engage à faire de la lutte contre la pollution plastique « une priorité du mandat » : sensibilisation et communication, choix d’urbanisme, intégration de critères environnementaux dans les cahiers des charges des appels d’offres, actions d’insertion en lien avec la lutte contre la pollution plastique… 
Les signataires s’engagent également à porter le message au sein de leur intercommunalité et des comités de bassin, et même à l’échelle internationale, en finançant des actions de solidarité internationale via le dispositif Oudin-Santini.
Une trentaine de maires et de présidents d’intercommunalité ont déjà signé cette charte. L’AMF a appelé, hier, à ce que « la mobilisation se poursuive ».